Des fissures apparaissent après des travaux. Une infiltration d’eau se déclare quelques mois plus tard. Un carrelage se décolle ou une installation ne respecte pas les normes en vigueur. Ces situations sont fréquentes et placent souvent les particuliers dans une grande incertitude. Face à une malfaçon, il est essentiel d’agir rapidement et méthodiquement pour préserver ses droits.

Le droit de la construction prévoit plusieurs mécanismes de protection. Encore faut-il savoir qualifier juridiquement le défaut, identifier la garantie applicable et engager la bonne procédure. Cet article détaille les recours possibles et explique dans quels cas l’intervention d’un avocat en droit de la construction permet de sécuriser le dossier.

1. Qu’est-ce qu’une malfaçon au sens juridique ?

Une malfaçon correspond à un travail mal exécuté, non conforme aux règles de l’art, aux normes en vigueur ou au contrat signé. Elle se distingue d’un simple désaccord esthétique ou d’une usure normale.

1.1. Différence entre malfaçon, défaut de conformité et désordre

La malfaçon vise une mauvaise exécution technique. Le défaut de conformité concerne un ouvrage qui ne correspond pas à ce qui était prévu dans le devis ou le contrat. Un désordre, quant à lui, désigne une atteinte plus grave, susceptible d’affecter la solidité de l’ouvrage ou son usage normal.

Ces distinctions sont importantes. Elles déterminent la garantie applicable et les recours envisageables.

1.2. Exemples fréquents de malfaçons après travaux

Les tribunaux rencontrent régulièrement des litiges liés à des fissures anormales, des infiltrations d’eau, des défauts d’isolation, des revêtements mal posés ou des installations électriques non conformes. Dès lors que le défaut ne résulte pas d’un mauvais usage du bien, la responsabilité de l’entreprise peut être engagée.

2. Les garanties légales applicables en cas de malfaçon

Le droit français prévoit plusieurs garanties obligatoires, destinées à protéger le maître d’ouvrage après la réception des travaux.

2.1. La garantie de parfait achèvement

Cette garantie couvre tous les désordres signalés lors de la réception ou dans l’année qui suit. Elle impose à l’entreprise de réparer les défauts constatés, quelle que soit leur gravité. Elle constitue souvent le premier levier d’action pour le particulier.

2.2. La garantie biennale

Valable pendant deux ans après la réception, elle concerne les éléments d’équipement dissociables du bâtiment, comme les volets, radiateurs ou équipements sanitaires.
Si l’élément ne fonctionne pas correctement, l’entreprise doit intervenir.

2.3. La garantie décennale

La garantie décennale protège le particulier pendant dix ans contre les dommages graves. Elle s’applique lorsque le désordre compromet la solidité de l’ouvrage ou le rend impropre à sa destination. Les fissures structurelles, affaissements ou infiltrations importantes relèvent souvent de ce régime.

3. Comment mettre en demeure l’artisan ou l’entreprise ?

Avant toute action en justice, il est indispensable de mettre en demeure l’entreprise. Cette étape permet de formaliser le litige et de démontrer la volonté de résolution amiable.

La mise en demeure doit être écrite, précise et envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception. Elle doit décrire les désordres constatés, rappeler les obligations contractuelles et fixer un délai raisonnable pour intervenir.

Une mise en demeure mal rédigée peut affaiblir le dossier. C’est souvent à ce stade que l’accompagnement d’un avocat en droit de la construction s’avère bénéfique.

4. Quels recours et quelles indemnisations sont possibles ?

Si l’entreprise refuse d’intervenir ou conteste sa responsabilité, plusieurs voies de recours existent. Le particulier peut saisir le tribunal compétent afin d’obtenir l’exécution des travaux, la résolution du contrat ou une indemnisation. 

Les préjudices réparables incluent le coût des travaux de reprise, les frais d’expertise, les troubles de jouissance et, dans certains cas, le préjudice financier subi.

Lorsque l’assurance décennale est mobilisable, l’indemnisation peut intervenir plus rapidement, sous réserve que le sinistre entre bien dans le champ de la garantie.

5. Pourquoi l’expertise est souvent indispensable

Lorsqu’un désordre apparaît, il est rarement possible de trancher seul sur son origine ou sa gravité. C’est là qu’intervient l’expertise.

5.1. L’expertise amiable

L’expertise amiable permet d’identifier rapidement les causes du défaut et d’évaluer le coût des réparations. Elle peut favoriser un règlement à l’amiable, notamment lorsque l’assureur décennal est impliqué.

Ce type d’expertise reste toutefois non contraignant.

5.2. L’expertise judiciaire

Lorsque le litige persiste, le juge peut ordonner une expertise judiciaire. L’expert désigné analyse les travaux, établit les responsabilités et chiffre les préjudices. Son rapport constitue une pièce centrale dans le cadre d’une procédure judiciaire.

6. Dans quels cas un avocat en droit de la construction intervient-il ?

L’intervention d’un avocat nécessaire lorsque le litige est techniquement complexe, lorsque plusieurs intervenants sont en cause ou lorsque l’assureur refuse sa garantie.

L’avocat sécurise la stratégie juridique, coordonne l’expertise, rédige les actes nécessaires et représente le particulier devant les juridictions. Son rôle est aussi d’anticiper les risques procéduraux et d’éviter les erreurs qui pourraient compromettre l’indemnisation.

Conclusion

Les malfaçons après travaux ne doivent jamais être prises à la légère. Le droit offre des recours efficaces, à condition d’agir rapidement et de respecter les étapes clés. 

Qualifier juridiquement le défaut, mobiliser la bonne garantie, recourir à une expertise et formaliser les démarches sont autant de leviers essentiels pour défendre ses droits.

Dans les situations complexes ou conflictuelles, l’accompagnement par un avocat en droit de la construction permet de sécuriser le dossier et d’optimiser les chances d’obtenir réparation.